PADIOU NICOLAS (11.10.1976)

 

 

 

FORMATION

 

1994                        Baccalauréat C (mathématiques)

1994-1996               DEUG d’histoire-géographie (Université de Nancy II)

           1996-1997               Licence d’histoire de l’art et archéologie (Université de Nancy II)            

           1997-1999               Maîtrise d’histoire de l’art et archéologie (Université de Nancy II)

           1997-1999               Licence d’histoire ancienne (Université de Nancy II)

           1999 -2001              DEA « Histoire, Histoire de l’art et archéologie » (E.P.H.E., Paris)

 

 

ACTIVITES SCIENTIFIQUES

 

 

2001                     Allocataire de recherche en cotutelle (EPHE Paris-Université technique Dresde)

2001-2003            Membre du comité de publication de Livraisons d’histoire de l’architecture et des arts qui s’y rattachent, revue des jeunes chercheurs en histoire de l’architecture (collaboration aux comptes-rendus de soutenances de thèses et à la bibliographie) et publication d’un article dans le n°2 (2e semestre 2001) sur « ‘Classiques et rationalistes’ : une revue régionale d’architecture entre Garnier et Viollet-le-Duc. L’Immeuble et la construction dans l’Est (1887-1914) ».

06. 2002               Communication lors du colloque organisé par le collège des doctorants franco-allemands (E.P.H.E. Paris/Université technique de Dresde) « Architecture et services publics, 19e-20e siècles ». Préparation sous la direction du professeur Jean-Michel Leniaud de la publication des actes de ce colloque.

08. 2003               Communication lors du colloque « Les Figures de l’Etat. France-Allemagne. 1870-1945 »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PADIOU NICOLAS

 

                                    Après des études d’histoire et d’archéologie menées de front avec des études d’histoire à l’Université de Nancy II, je me suis résolument tourné vers l’histoire de l’art et plus précisément vers l’histoire de l’architecture.

Mon mémoire de maîtrise concernait l’église gothique Saint-Epvre de Nancy, datant du 15e siècle, détruite au milieu du 19e siècle pour faire place à un vaste édifice néogothique. Outre les questions urbanistiques et architecturales, mon attention avait été attitrée par le mode de financement de la construction : l’essentiel des fonds provenait de cours princières germaniques (celle de Vienne : l’empereur François-Joseph descendait des ducs de Lorraine qui avaient régné à Nancy, et aussi celle de Munich d’où était originaire l’impératrice Elisabeth). Ce mode de financement se retrouve dans l’origine du mobilier et des œuvres ornant l’église (provenant de Munich, Vienne, Budapest, etc.) et aussi dans certains partis iconographiques (représentation des saints patrons du couple impérial autrichien par exemple). Plus qu’un simple chantier municipal, la reconstruction de cette église constituait aussi un moment privilégié, incarné dans la pierre, de l’alliance franco-autrichienne de la fin du Second Empire.

Poursuivant mes recherches sur l’histoire de l’architecture insérée dans un contexte politique, je me suis ensuite attaché à retracer dans mon DEA (mené à l’E.P.H.E.) l’histoire de L’Immeuble et la construction dans l’Est. Ce périodique entièrement consacré à l’architecture, le premier du genre en Lorraine, fut fondé par Emile Jacquemin, un Messin ayant opté pour Nancy après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par la Prusse. Les trente ans de publication que j’ai parcourus permettent de replacer dans le contexte politique général un processus de fascination mêlée de répulsion pour les brillants succès de l’industrie et de l’architecture allemande (la frontière passant à vingt kilomètres environ de Nancy). 

Enfin, depuis maintenant deux ans, je bénéficie d’une allocation de recherche pour une thèse menée en cotutelle à l’Ecole pratique des hautes études (4e section) et à l’Université technique de Dresde (Faculté de philosophie). Je mène dans ce cadre des recherches sur la période 1914-1930 et plus particulièrement sur la question de la destruction et des modalités de reconstruction des édifices publics (notamment les édifices religieux) en Lorraine. Mes recherches sont menées dans un cadre franco-allemand (je suis arrivé il y a quelques semaines à Dresde pour un séjour d’un an), et aussi dans un contexte pluridisciplinaire (J.-M. Leniaud mon directeur de thèse à Paris est spécialisé en histoire de l’architecture moderne et contemporaine, son homologue pour la partie allemande, K.-S. Rehberg est professeur de sociologie à la faculté de philosophie de Dresde). Sous l’influence de mes deux directeurs de thèse, je m’intéresse notamment à des questions qui tentent de dépasser les problématiques récurrentes en histoire de l’art : le mode de financement, le choix du style des édifices ont-ils des implications politiques ? Comment interagissent les différents acteurs du processus (architectes, collectivités locales, commissions diocésaines d’art sacré, associations paroissiales, Etat) : autant de questions qui m’ont été suggérées par J.-M. Leniaud. Quand à K.-S. Rehberg, il m’a proposé de considérer les bâtiments comme des symboles spatiaux, incarnations en trois dimensions d’ordres institutionnels en quête de légitimité (ce qui est le cas de l’Eglise catholique après la Première Guerre mondiale, tentant de « surfer » sur la vague de l’Union sacrée).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PROPOSITION DE COMMUNICATION (Padiou Nicolas)          

 

 

 

Incarner le martyre :

deux modèles alternatifs de reconstruction des lieux de culte

(Lorraine française, après 1914-1918 – Dresde, après 1945)

 

            La région autour de Nancy et la ville de Dresde ont toutes deux faits l’objet de destructions massives, la première dans le contexte de la Première Guerre mondiale, la seconde lors des dramatiques bombardements de 1945. Par ailleurs diachronique, la comparaison peut sembler injustifiée si l’on tient seulement compte de la nature des destructions.

Du côté français, on a affaire à un pilonnage d’obus visant de petites agglomérations, suspectes d’abriter des troupes ennemies. Les opérations se sont déroulées de manière sporadique au cours de plus de quatre années de guerre marquées de longs temps morts. Opérées par les troupes françaises ou américaines aussi bien qu’allemandes, les destructions ont toutes été imputées à l’Allemagne par le Traité de Versailles (1919). L’indemnisation des dommages par le Reich vaincu impliquait la reconstruction des édifices dans une France victorieuse et sûre d’elle-même.

Pour ce qui concerne Dresde, on est en revanche confronté à un phénomène de bombardements aériens massifs concentrés sur un grand centre industriel. Les bombardements n’ont pas eu l’effet escompté de démoralisation de la population allemande, mais c’est bel et bien dans une Allemagne vaincue et encombrée de ruines, occupée par les alliés et bientôt coupée en deux par le Rideau de fer, que le problème de la reconstruction s’est posé.

Concernant les lieux de culte le problème a souvent été tranché à Dresde dans le sens d’une mise en scène des ruines, donnant lieu à des visions piranésiennes, et non dans le sens de la reconstruction comme ce fut le cas en France en 1918. Faut-il y voir une simple conséquence des revers militaires respectifs ou bien peut-on en tirer des conclusions sur des différences fondamentales entre la France et l’Allemagne (en matière de laïcité, de centralisation politique, de gestion du patrimoine culturel et plus généralement de rapport à l’histoire)?

Les deux situations (France 1918 et Allemagne 1945) permettent en fait de comparer la manière dont l’Etat ou la société civile (églises, associations d’anciens combattants, de réfugiés ou de sinistrés, groupements patriotiques ou régionalistes) cherchent à imposer leurs vues dans le champ de l’architecture et des beaux-arts. Faut-il reconstruire (à l’identique ou dans un style moderne ?) ou bien doit-on préserver les ruines (et si oui faut-il les mettre scène, les conserver ou les laisser se dégrader ?). Qui délivre et choisit le message transmis par l’iconographie ou les inscriptions dédicatoires (monument aux morts savamment placés entre l’église et la mairie dans les petits villages français, alors qu’à Dresde les monuments commémoratifs sont très discrets). Peut-on définir des comportements en fonction de critères géographiques ou historiques (certaines zones de Lorraine privilégient la reconstruction à l’identique des édifices détruits alors que d’autres innovent), ou bien sociologiques (différentes attitudes sont-elles perceptibles à Dresde au sujet de la réutilisation des lieux de culte en fonction des différentes églises, évangélique, catholique, orthodoxe) ?

 

[Si vous reteniez ma proposition de communication je serais en mesure d’appuyer mon propos par une iconographie assez abondante, ayant réuni une documentation de plusieurs centaines de photographies – au format numérique – imprimables  ou diffusables sur un projecteur adéquat].